Dix ans d’Échanges urbains - Musée McCord Stewart
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Suzanne Sauvage et Dinu Bumbaru © Remi Hermoso, 2022

Dix ans d’Échanges urbains

Retour sur les 10 ans des Échanges urbains avec Suzanne Sauvage et Dinu Bumbaru.

Alexis Curodeau-Codère, journaliste indépendant

8 juin 2022

Alors qu’on prépare le Théâtre J. Armand Bombardier en vue de la quarantième table ronde de la série des Échanges urbains, 10 ans après sa première itération, c’est dans les fauteuils où les conférenciers s’installeront dans quelques heures que je retrouve Suzanne Sauvage, présidente et chef de la direction du Musée McCord, et Dinu Bumbaru, directeur des politiques d’Héritage Montréal et animateur des Échanges urbains.

COMMENT, IL Y A 10 ANS, EST NÉE L'IDÉE D'ORGANISER LES ÉCHANGES URBAINS?

Suzanne : Il me semble que c’était d’abord l’idée du Musée, non?

Dinu : C’est toi, Suzanne, qui a d’abord eu l’idée.

Suzanne : Je venais d’arriver au Musée peu de temps avant et je tenais à créer de nouveaux partenariats avec des organismes de la ville, et le partenariat le plus naturel, c’était avec Héritage Montréal. Comme j’ai toujours été admirative d’Héritage Montréal et que la mission du Musée, c’est aussi de protéger le patrimoine montréalais, il m’a semblé intéressant que l’on fasse quelque chose ensemble. On a tout de suite pensé à une série de conférences autour de la ville, du patrimoine et de l’architecture

Suzanne Sauvage © Remi Hermoso, 2022

Dinu : Oui, d’autant plus que notre amitié précède les Échanges urbains. En effet, grâce à la mission commune du Musée McCord et d’Héritage Montréal, il y a des liens presque familiaux entre les deux organismes. C’est tout naturel pour Héritage Montréal de collaborer avec le Musée.

Dinu Bumbaru © Remi Hermoso, 2022

ET AURIEZ-VOUS CRU QUE ÇA DURERAIT 10 ANS?

Suzanne : Est-ce que je m’étais dit au départ que ça durerait 10 ans? Certainement pas! Je me disais que ça allait durer le temps que ça devrait durer, quelques années tout au plus. Mais ça a eu un tel succès qu’on ne pouvait pas arrêter.

Dinu : Sans compter qu’il reste encore beaucoup de sujets à aborder!

Suzanne : C’est étonnant, en effet, de voir tous les thèmes qui émergent chaque année. On pourrait se dire qu’après 10 ans on a fait le tour de la question, mais pas du tout. On est loin d’avoir fait le tour.

Dinu : Une des forces des Échanges urbains, c’est qu’ils ne sont pas tributaires de l’actualité. Les thématiques tournent toujours autour de ce qu’est une ville, à travers toutes ses dimensions.

Suzanne : Et puis il y a beaucoup des thèmes et des problématiques abordés au fil des ans qui n’ont jamais été solutionnés et qui sont toujours d’actualité.

Dinu : Et plein d’autres thématiques jamais touchées qui méritent d’être explorées. Par exemple, le regard que les différentes communautés portent sur le patrimoine. Ce soir, c’est le Quartier chinois, et récemment on a eu un Échange extrêmement réussi sur les dimensions autochtones de Montréal. Mais ce ne sont pas des thématiques qui étaient sur l’écran radar au tout début des Échanges urbains.

Dinu Bumbaru, Marian Scott, Jessica W. Chen et Cathy Wong lors de l'Échanges urbains « L'avenir du quartier chinois, un an plus tard », 4 mai 2022 © Santiago Betancur

COMMENT LES ÉCHANGES URBAINS ONT-ILS ÉVOLUÉ AU FIL DES ANS?

Dinu : Au début, paradoxalement, les Échanges urbains étaient moins des échanges que des présentations. À l’origine, il y avait deux intervenants qui parlaient pendant une vingtaine de minutes, ce qui établissait davantage une relation magistrale avec le public. Maintenant, ce sont des présentations plus courtes suivies d‘échanges et de discussions avec les participants.

Suzanne : On a voulu que les Échanges soient percutants parce qu’on veut que les gens se questionnent mutuellement et, qu’à la limite, ils se contredisent. On a aussi diversifié nos participants. On invite par exemple maintenant des journalistes et parfois des élus. Nos invités, cependant, et ce depuis le tout début des Échanges urbains, sont toujours des gens très engagés dans la communauté et dans leur domaine.

Dinu Bumbaru, Marian Scott, Jessica W. Chen et Cathy Wong lors de l'Échanges urbains « L'avenir du quartier chinois, un an plus tard », 4 mai 2022 © Santiago Betancur

QUELLES TRACES LES ÉCHANGES URBAINS ONT-ILS LAISSÉS À MONTRÉAL DEPUIS 10 ANS?

Dinu : Il y a déjà une sorte de bibliothèque importante en ligne, où se trouvent la plupart des Échanges urbains. Nous n’avons pas cherché à générer des actes, comme dans le secteur universitaire, mais, comme le disait Suzanne, il y a eu une résonnance dans la société. Peut-être que des choses qui se sont dites ici ont amené des élus ou des professionnels à changer leur approche ou à essayer quelque chose de nouveau.

Suzanne : J’ai souvent eu des échos de gens que les Échanges avaient fait réfléchir et évoluer dans leur point de vue relativement à une thématique qui les touche professionnellement. C’est ça, réellement, l’héritage des Échanges urbains, en plus de tout ce qu’on retrouve en ligne.

QUI EST LE PUBLIC DES ÉCHANGES URBAINS?

Suzanne : Je pense que la série s’adresse surtout aux amis d’Héritage Montréal, qui sont des passionnés du patrimoine montréalais, mais aussi aux étudiants, qui sont toujours très nombreux. Il y a aussi beaucoup d’influenceurs qui viennent de domaines relatifs à l’architecture, à l’urbanisme et au patrimoine. Cela dit, il y a toujours aussi des gens du grand public qui s’intéressent à un enjeu spécifique et qui assistent aux Échanges pour en apprendre plus sur ce sujet-là, qui leur tient particulièrement à cœur.

© Santiago Betancur, 2022

Dinu : Je pense justement à l’Échange qu’on a eu au mois de janvier sur la densification urbaine. C’est un thème qui rejoint des gens qui veulent savoir quel impact ça peut avoir sur leur quartier, ça intéresse les urbanistes et les professionnels de la Ville, mais aussi les promoteurs et les investisseurs parce que c’est un modèle de développement économique. Alors cette fois-là, il y avait environ 500 personnes en ligne. Je crois que les Échanges urbains attirent aussi un large public parce qu’ils traitent de thématiques qui ne sont jamais démontréalisées.

Suzanne : On a un public fidèle qui nous rejoint chaque fois, mais on a également un impact sur un public autre que celui qui assiste aux Échanges. En effet, on entend des échos des Échanges urbains via des gens qui viennent de toutes sortes de milieux, que ce soit des gens de la Ville de Montréal, des gens du domaine de l’architecture ou des étudiants. C’est beaucoup plus large que la centaine de personnes qui sont là chaque fois.

QUEL EST L'AVENIR DES ÉCHANGES URBAINS?

Suzanne : Le format peut évoluer, mais la quantité de thématiques possibles à aborder est sans fin.

Dinu : Il y a aussi un intérêt grandissant pour tout ce qui touche à l’architecture, à l’urbanisme et au patrimoine. L’importance toujours plus grande de l’acceptabilité sociale attire beaucoup d’attention sur les problématiques du patrimoine urbain. Et mettre en lumière le patrimoine montréalais, c’est à la fois la mission du Musée et celle d’Héritage Montréal.

Suzanne : Pourquoi ne pas continuer encore 10 ans? On va être encore là tous les deux, Dinu et moi!

Dinu : Absolument!

À propos de l'auteur

Alexis Curodeau-Codère, journaliste indépendant

Alexis Curodeau-Codère, journaliste indépendant

Après avoir étudié en arts visuels et en philosophie, Alexis Curodeau-Codère s’emploie, partout où il peut, à étudier, explorer et illustrer, à coup de portraits et d’images, la réalité humaine et la joliesse du monde. Il s’intéresse particulièrement au potentiel transformatif du récit par son rôle social et politique, mais aussi comme outil de vulgarisation et d’apprentissage.
Après avoir étudié en arts visuels et en philosophie, Alexis Curodeau-Codère s’emploie, partout où il peut, à étudier, explorer et illustrer, à coup de portraits et d’images, la réalité humaine et la joliesse du monde. Il s’intéresse particulièrement au potentiel transformatif du récit par son rôle social et politique, mais aussi comme outil de vulgarisation et d’apprentissage.